Me revoilà ! Je sors enfin de mon silence et surtout je trouve enfin le temps d’écrire quelques mots pour vous remettre un peu à jour. 

Fin octobre, toujours le moment pour les cyclistes de se reposer et de prendre un peu de temps pour soi. Egalement le moment de faire le bilan de la saison. 

Pour ma part, c’est également toujours le moment que je choisis pour tomber malade 😉 Mais heureusement, pas cette année, donc croisons les doigts ! Mais en effet, après une longue saison, il est temps pour moi de regarder un peu derrière sur ce qui a été une saison très compliquée, voire l’année la plus difficile de ma carrière. 

Elle avait pourtant bien commencé avec des très bonnes performances lors des courses de reprise sur piste à Genève au mois de novembre, puis à Granges au mois de décembre. Cela m’avait vraiment donné confiance car le niveau était haut mais j’avais réussi à me hisser plusieurs fois sur le podium, ce qui était vraiment bien. 

Je suis ensuite partie pour deux semaines de camp aux Canaries, un peu comme chaque année sauf que cette fois-ci j’ai dû organiser tout le camp moi-même. Ce n’est pas vraiment sorcier et je commence à avoir l’habitude de réserver des vols et des hotels, mais cela coûte quand même un peu plus d’énergie que de juste recevoir une convocation et d’aller au point de rendez-vous à la bonne heure. Mais bon, tout s’est bien passé et j’ai vraiment passé deux supers semaines à m’entraîner de longues heures sous le soleil. Cette base d’endurance faite au mois de janvier est vraiment primordiale pour la suite de la saison, c’est pour cela que je n’ai pas hésité à organiser quelque chose moi-même. 

Quelques semaines plus tard se déroulaient les Championnats Suisses sur piste. Les organisateurs avaient décidé cette année de les organiser sur un week-end et de faire toutes les disciplines sur 2 jours, ce qui est, de mon point de vue, une très bonne idée. En arrivant à cette compétition, je savais que je pouvais vraiment faire quelque chose de bien car deux de mes coéquipières dans l’équipe nationale n’était pas présentes. Par conséquent, je devenais la favorite numéro 1 aux 4 titres mis en jeu sur ces 2 jours. Cela m’a donc rajouté une petite pression, même si ces championnats ne sont pas la compétition la plus importante de l’année. Ce week-end s’est finalement super bien déroulé puisque j’ai gagné 3 titres (Omnium, Scratch et Course aux points) et une médaille d’argent (Eliminatoire). Cela fait toujours du bien de monter sur la première marche du podium donc ce fut une super week-end où j’ai pris énormément de plaisir. 

Après cela, il était temps de retourner un peu sur la route avant de reprendre le chemin de la piste fin avril. Les premières courses sur route de la saison sont toujours un moment que je redoute car je n’arrive jamais vraiment à me situer par rapport aux autres. Ces dernières années, le niveau n’a pas cessé d’augmenter et j’ai l’impression qu’en jouant sur deux tableaux (route et piste), il est vraiment difficile d’arriver au niveau dans les deux. C’est donc pour cela que je redoute les premières courses chaque année. Cette fois, les premières courses se sont pas si mal déroulées… Je savais que je n’étais pas encore au top du top de ma forme mais j’arrivais à suivre le peloton, même si je ne faisais pas des résultats incroyables. 

J’ai ensuite vécu une période beaucoup plus stressante. J’ai commencé à avoir des courses tous les week-ends avec à chaque fois des longs trajets jusqu’en Belgique, des retours tard dans la nuit pour pouvoir être en cours le lendemain, le sentiment de ne jamais pouvoir m’entraîner correctement car j’étais toujours entrain d’essayer de récupérer de la course précédente quand je devais déjà repartir pour la suivante… Bref, une période pas facile à gérer… Malgré tout, je suis arrivée sur la deuxième Coupe du Monde de piste à Milton au Canada avec des ambitions et surtout l’impression de pouvoir faire quelque chose de bien. La première Coupe du Monde avait été un peu dur pour nous car elle était justement dans la période très stressante et du coup j’ai l’impression d’être arrivée là-bas un peu fatiguée, alors que pour Milton j’ai eu l’impression d’être mieux préparée. Les courses se sont finalement bien passées avec à la clé une 7ème place en Madison, un résultat dont nous pouvons être fières, même si nous étions encore 4ème à deux sprints de la fin…. Un petit coup de pression et surtout un dernier sprint mal négocié nous ont fait reculer au classement, mais cette 7ème place me satisfaisait quand même. 

  

 

Après cette Coupe du monde, c’était de nouveau place à la route, avec notamment le Tour de Suisse et les Championnats Suisses, en plus de beaucoup d’autres courses UCI en Belgique. Malgré le fait que j’étais en confiance suite aux bons résultats sur piste, ces courses ne se sont pas du tout déroulées comme je l’espérais. Plus les semaines passaient, plus c’était dur pour moi mentalement de faire face aux échecs de chaque course. Puisque ma confiance s’était totalement envolée, je n’avais plus aucun repère avant les courses et du coup elles se passaient mal. C’était devenu un cercle vicieux et les Championnats Suisses sur route fin juin ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mentalement, j’étais vraiment au plus bas et du coup je n’y arrivais plus. J’ai donc décidé, en accord avec mon entraîneur, de faire une petite pause d’une semaine pour essayer de me ressourcer et surtout retrouver l’envie et le plaisir de faire du vélo. Ce n’est pas que je n’aimais plus le vélo, c’est juste que je n’avais plus aucun plaisir à faire des courses sur route. Cette pause m’a fait énormément de bien. J’ai pu profiter de faire autre chose car je venais également de finir mes examens. Après une petite semaine de reprise, j’ai décidé un peu sur un coup de tête de partir pour deux semaines à Saint-Moritz pour m’entraîner. Cet endroit est vraiment ressourçant pour moi et cela me tenait à coeur de pouvoir m’entraîner dans des conditions comme celles-ci. Je savais, par expérience des années précédentes, que l’entraînement en altitude me convenait bien et c’est également pourquoi je n’ai pas vraiment hésité à partir. Ces deux semaines ont été vraiment incroyables. J’ai pu passer de nombreuses heures sur mon vélo, dans des paysages idylliques et surtout un peu plus aux frais que chez nous. Cela m’a fait énormément de bien. 

 

 

 Au retour de ces deux semaines, il était temps de retourner à Granges pour la préparation des Championnats d’Europe. Ces quelques jours sur piste m’ont fait du bien et m’ont permis de refaire des intensités, même si ça n’a pas été une partir de plaisir au tout début. Je me sentais donc prête pour les championnats, même si ce n’était pas encore la grande confiance dans la tête. La poursuite par équipe s’est super bien déroulée pour ma part, ce qui m’a donné un petit boost mental. J’ai donc pris le départ de la Course aux points quelques jours plus tard avec des grandes ambitions. Malheureusement, j’ai senti assez vite que ça n’allait pas comme je le voulais. Je n’étais vraiment pas bien du tout physiquement, j’avais la tête qui tournait, pas de jambe, etc.. J’ai donc décidé d’arrêter…. Une décision horrible pour moi car les Championnats étaient l’un de mes gros objectifs de cette année et je ne comprenais pas vraiment ce qui m’arrivais… Plus tard dans la soirée, j’ai également pris la décision de ne pas courir la Madison deux jours après. J’ai pris cette décision toute seule mais je savais que c’était la meilleure chose à faire. Après la Course aux points, j’avais perdu toute ma confiance et surtout je n’avais aucune certitude sur mon état de forme. Je ne voulais pas priver ma coéquipière d’un bon résultat juste parce que je n’étais pas en forme et j’ai donc laissé ma place. Un gros gros coup dur pour ma part, j’ai mis quelques jours voire semaines à m’en remettre entièrement…. Les semaines suivantes ont donc rimé avec entraînement physique, mais également psychologique. J’ai beaucoup travaillé et surtout beaucoup parlé pour essayer de faire ressortir le mal-être que j’avais depuis le début du printemps. 

Quelques semaines plus tard j’ai remis l’ouvrage sur le métier avec des compétitions sur piste internationales à Lyon et à Barcelone. Ces deux courses ont vraiment été les meilleures choses qui pouvaient m’arriver à ce moment-là. J’ai réussi à m’imposer sur deux courses à Lyon et sur la Madison à Barcelone, ce qui m’a vraiment redonné confiance pour la fin de la saison. Je savais que si je courrais bien et si j’arrivais à augmenter encore un peu mon niveau jusqu’aux Championnats du monde, je pouvais vraiment faire des belles performances. 

Après une semaine de préparation à Granges, j’ai ensuite pris le chemin des 3 Jours d’Aigle, compétition que j’apprécie toujours beaucoup car elle est à la maison 😉 C’est également toujours le rendez-vous de pas mal de nations pour un dernier test avant les Championnats du Monde donc le niveau est toujours très élevé. Cette année, je n’avais aucune ambition particulière car je ne savais pas vraiment dans quel état de forme je me trouvais, mais les jambes ont plutôt bien fonctionné. J’ai couru de façon très agressive, quelque chose qui me correspond bien et j’ai vraiment pris du plaisir avec les résultats qui ont suivis. Un très bon dernier test donc avant la compétition la plus importante de la saison. 

Malheureusement, comme un peu un miroir de toute ma saison, je suis tombée malade le jour suivant. Une belle gastro qui m’a clouée au lit pendant 4 jours… Pas l’idéal à 3 jours du départ pour les Championnats du Monde…. Malgré tout, j’ai essayé de rester positive et j’ai profité de ces quelques jours pour bien me reposer (de toute façon je pouvais rien faire d’autre ;=) ). En arrivant à Paris, lieu des Championnats, je me sentais bien. Je n’étais pas super en confiance quant à mon état de forme mais je me réjouissais tellement de courir que j’avais l’impression que je pouvais compenser un peu le manque d’entraînement par mon envie. Après presque une semaine d’attente, j’ai finalement pu courir la Madison et la Course aux points. La première s’est finalement plutôt bien déroulée. Nous n’avons pas perdu de tour contrairement aux dernières années et nous avons même pu prendre un point donc pour nous c’était plutôt positif, même si quelques erreurs nous ont fait perdre pas mal d’énergie que nous aurions pu mettre ailleurs. Malgré tout, je pense que nous pouvons être contentes de notre 10ème place. Un top10 aux Championnats du Monde c’est pas tous les jours ;=). Le lendemain, j’étais au départ de la Course aux points. Je voulais me prouver que cette saison de m* était derrière moi et cela me tenait vraiment à coeur de faire une bonne course. Malheureusement, j’ai pas su exploiter mes bonnes jambes du jour en courant un peu « à l’envers »… Je n’ai pas réussi à sentir la course comme je le fais d’habitude et j’ai donc pas du tout réussi à tirer mon épingle du jeu… 

Une fin de saison donc un peu à l’image de toute ma saison, avec des hauts et des bas. 

Le fait d’avoir des bas dans une saison est quelque chose de tout à fait normal dans une carrière, mais cette année a été particulièrement difficile pour moi car j’ai eu énormément de peine à remonter la pente lorsque ça n’allait pas. Beaucoup de changements indépendants de ma volonté dans mon encadrement n’ont sûrement pas aidés mais je me suis vraiment rendue compte que le mental avait une force extraordinaire… Lorsque tout va bien on ne son rend pas compte, mais lorsque cela va mal, c’est vraiment très très dur de ressortir de ce cercle vicieux qui nous tire sans cesse vers le bas. J’ai eu énormément de chance d’avoir pu compter sur des gens qui m’ont aidé à ressortir de ça et surtout d’avoir pu compter sur le fait que les gens ont continué à croire en moi et à me soutenir ! Sans tout ce petit monde, je pense que ça aurait été beaucoup plus compliqué. A présent, je vais donc prendre le temps de me reposer mais surtout de faire le bilan de cette saison avec un regard critique et surtout essayer de comprendre les choses qui n’ont pas bien fonctionné. J’ai déjà pris quelques décisions pour l’année prochaine et je pense vraiment que cela va m’aider à repartir sur la bonne voie. 

Sachant que le plus grand objectif de ma carrière se rapproche à grands pas, avec les Jeux Olympiques en 2024, il est temps de tout mettre en oeuvre pour que cela se passe bien jusque là. Je n’ai aucune envie de revivre la même année que celle-ci, donc je vais tout faire pour que cela aille mieux. 

Après ma pause de trois semaines, je vais pouvoir me concentrer sur la préparation des Championnats d’Europe qui se déroulereont à Granges! au mois de février 😉 Je compte sur vous pour faire partie du public :=)