LA « course-vérité », la dernière course qualificative pour les Jeux Olympiques, la course qui conclut deux ans de compétitions pour avoir l’honneur de participer à la plus grande manifestation sportive… 

Honnêtement, c’était la course la plus stressante de ma vie… 

J’étais  sélectionnée pour participer à la Madison des championnats du monde pour la troisième année consécutive, ce qui me réjouissait vraiment ! Mais en même temps, je savais que je n’avais pas le droit à l’erreur. Aline et moi, devions terminer la course 5 places devant les Ukrainiennes pour réussir à qualifier l’équipe pour les Jeux Olympiques. 

Je savais que cela allait être compliqué car nos deux équipes étaient toujours très proches dans les classements et 5 places étaient quand même un écart considérable !

Nous avons eu une bonne préparation à Granges, je me sentais en forme ce qui me mettait en confiance. D’un autre côté, je savais que toutes les autres nations avaient également travaillé d’arrache-pied pour arriver au top de leur forme à ces Championnats, les derniers avant les Jeux. 

Les jours précédents la compétition, je me sentais bien et j’avais un bon pressentiment. Je savais que nous étions capables de prendre quelques points pour mettre nos adversaires directes sous pression. Malheureusement, nos plans furent quelque peu chamboulés puisqu’Aline tomba malade deux jours avant la course. 

Nous avons attendu jusqu’au jour J pour prendre la décision de qui allait courir, entre Andrea qui avait fait l’omnium le jour d’avant et Aline qui était malade…. Pas facile comme décision et situation compliquée  à gérer pour moi qui ne savais pas avec qui j’allais courir jusqu’à quelques heures avant la course. Finalement, je pense que la meilleure décision été prise,  je courrai donc avec Andrea. D’un point de vue purement de la performance, cela ne changeait rien mais cela me rajoutait un petit stress car cela faisait assez longtemps que je n’avais plus couru avec elle. 

Je crois que je n’avais jamais été autant stressée de toute ma vie avant une course. Je ne tenais pas en place que ce soit dans ma chambre ou ensuite dans le box au milieu de la piste en attendant la course. Nous savions ce que nous avions à faire : faire au moins un sprint et essayer de prendre ne ce soit que 1 ou 2 points. 

Les Ukrainiennes n’ont pas non plus d’énormes qualités de sprinteuses et n’allaient sans doute pas réussir à attaquer dans une course que nous attendions très rapide. 

Nous avons choisi un braquet avec lequel nous n’avions jamais roulé en course, plus gros que d’habitude car nous savions que la moyenne allait être très élevée, bien plus qu’à toutes les autres compétitions.

Nous avons pris un bon départ et avons réussi à nous placer assez à l’avant du peloton. Malgré cela, nous n’avons pas pu prendre part à un sprint dans les 30-40 premiers tours…  La course s’est ensuite emballée ce qui nous a fait reculer un peu dans le peloton. Nous avons dû cravacher pendant plusieurs tours pour revenir à l’avant. Heureusement, les Ukrainiennes avaient plus de difficultés que nous et étaient souvent lâchées. Je pensais, à mi-course, que nous allions réussir à nous qualifier car nos adversaires directes étaient tout près de perdre un tour. 

Malheureusement, à 50 tours de l’arrivée environ, les Françaises attaquèrent et le peloton se sépara en deux groupes. Comme nous n’étions pas très bien placées à ce moment-là, nous nous sommes retrouvées dans le deuxième groupe avec les Ukrainiennes. Malgré nos efforts pour recoller au premier peloton, nous avons fini par perdre le tour… 

Tout était à recommencer si nous voulions distancer nos adversaires pour la qualification. Après quelques tours, elles étaient de nouveau lâchées, mais elles réussirent  tout de même à revenir à l’arrière du peloton… Pour nous, la tâche se compliquait sérieusement car il était presque impossible de mettre 5 places entre les Ukrainiennes et nous avant la fin de la course…

Nous avons tout donné jusqu’à la fin mais malheureusement, ce que je pressentais arriva, nous avons terminé juste derrière les Ukrainiennes ! 

Résultat évidemment insuffisant pour se qualifier pour les Jeux Olympiques. A l’arrivée, j’étais vraiment déçue car je m’étais sentie bien pendant toute la course et nous n’avions pas fait trop d’erreurs mais les derniers petits détails nous avaient manqués… 

 

Voilà, tous ces efforts et ces espoirs placés en nous pendant deux ans venaient de s’envoler en une course, en 34 minutes d’effort…. La déception était évidemment immense et l’est encore  maintenant, mais il faut réussir à relativiser et à passer par-dessus justement. Tout ce que nous avons vécu pendant ces trois années fut exceptionnel. Cela aurait été presque un exploit de se qualifier pour les JO alors que nous pratiquions la piste seulement depuis trois ans. Il faut maintenant apprendre de nos erreurs et retourner au travail. 

Nous ne serons pas à Tokyo, mais il faudra compter avec nous pour les prochaines Coupes du Monde et surtout les prochains Jeux qui sont déjà dans quatre ans ! Quatre ans, c’est quoi ? Très peu ! Je pense que ce n’est  que le début d’une grande aventure. J’aime ce sport et je ne perdrai pas ma motivation au premier échec. Mon regard est maintenant tourné vers l’avenir et j’attends avec impatience ce qui va arriver dans les prochaines années ! 

Suite à ces petits imprévus (la maladie d’Aline et les deux courses à la suite d’Andrea), nous avons décidé avec les entraîneurs que j’allais faire la Course aux Points le lendemain de la Madison. C’était pour moi un honneur de pouvoir faire une deuxième course lors de ces Championnats du Monde. 

J’ai réussi à bien récupérer et me sentais bien au départ de la course. J’avais également évacué le stress du jour précédent et j’étais beaucoup plus détendue au départ. Mon but était de prendre du plaisir pendant la course et de partir avec un groupe pour essayer de prendre un tour ou alors quelques points au passage. 

Au début de la course, je me suis un peu préservée pour garder mon énergie et tout donner lorsque que le moment opportun se présenterait. J’ai peut-être fait une petite erreur à ce niveau-là car deux groupes réussirent à prendre un tour au peloton assez au début de la course. Ce qui a empêché d’autres initiatives pour prendre un tour aux meilleures. J’avais vu juste… J’ai quand même essayé de partir en compagnie de quelques autre concurrentes, mais le groupe n’a pas réussi à s’harmoniser ce qui ne nous a mené  nulle part… Je suis revenue dans le peloton en essayant de récupérer un peu car l’effort avait été tout de même assez violent et le rythme de la  course était élevé. Je n’ai plus eu d’autre opportunité après, je suis donc restée dans le peloton jusqu’à la fin, avant de faire un joli sprint pour terminer bien placée parmi les concurrentes qui n’avaient pas de point comme moi. 

Une course où je n’ai pas forcément obtenu le résultat espéré, mais dans laquelle j’avais tenté quelque chose.

Le bilan de ces Championnats du Monde est donc un peu décevant, mais malgré tout j’en tirer beaucoup d’enseignements. Je suis satisfaite de voir que j’ai  beaucoup progressé en trois ans , cela me motive pour la suite  !

Etant une personne positive, je vais donc repartir de plus belle pour profiter de ces magnifiques aventures et expériences qui me sont données de vivre …

L’histoire continue, à nous maintenant d’écrire un nouveau chapitre !