Portrait : Léna Mettraux, double championne de Suisse de cyclisme.

 

 

Léna Mettraux est une battante – Image: PATRICK MARTIN

«Si on me demande un jour de choisir entre prendre une substance dopante ou arrêter ma carrière, je sais que je dirai stop. C’est quelque chose de clair en moi!» Déterminée, Léna Mettraux ne l’est pas seulement sur sa selle, lorsqu’elle pédale à toute allure vers le succès. La cycliste d’Echallens est certes promise à un bel avenir, mais pas question pour autant de compromettre sa santé. La double championne de Suisse en titre chez les juniors est du genre à garder les chaussures dans les cale-pieds et la tête sur les épaules.

Née dans une famille de sportifs, sa maman Michèle et son papa Vincent sont tous deux maîtres de sports, Léna a toujours baigné dans cet univers. Si sa sœur Zoé (14 ans) préfère la danse, Léna a très tôt suivi la trace paternelle. «Mon papa est président du Vélo-Club Echallens et lorsque j’étais petite, je le voyais partir le samedi matin. Je n’avais alors qu’une envie: rouler avec lui. Mais comme j’étais trop jeune, j’ai dû patienter.» Léna ronge son frein en pratiquant diverses activités telles que le cirque, le ski ou la gymnastique. Sa maman a d’ailleurs été championne de Suisse par équipe aux agrès. «J’adore ce sport que je pratique encore pour le plaisir à Essertines.»

«Plaisir», le mot est lâché. Tout ce qu’entreprend cette élève de 3e année du Gymnase Auguste-Piccard part de ce bonheur de vivre et de se retrouver dans la nature. La montagne est d’ailleurs un de ses terrains de jeu favoris. «Je déteste rester à la maison à ne rien faire. Je veux toujours découvrir de nouvelles choses.» Il faut donc que ça bouge. Et quand ça bouge, avec Léna, ça déménage!

La «Jolanda Neff du Gros-de-Vaud» a ceci de semblable à la championne du monde saint-galloise qu’elle est aussi habile en cyclisme sur route qu’en mountain bike. Mais n’allez surtout pas lui faire trop de compliments. Léna Mettraux n’aime pas se mettre en avant. «Cette humilité a toujours été un trait de son caractère, observe Michèle, la maman. Plus jeune, elle n’avait pas confiance en elle et mettait continuellement les autres en avant. Aujourd’hui encore, elle aime faire plaisir aux autres et elle s’entend bien avec tout le monde.» Un exemple de son bon caractère? Ce «rayon de soleil» – si on se réfère à l’étymologie grecque de son prénom – a passé 30 minutes dehors, sans rechigner et par -6 degrés pour prendre l’image qui illustre cet article.

Seule la compétition peut changer la Léna altruiste en Léna conquérante. En juin 2016, lors des championnats de Suisse à Martigny, elle remporte le titre du contre-la-montre en juniors. «Je me sentais hyper bien. Je n’étais pas très nerveuse avant le départ car je ne suis pas du genre à me prendre la tête. Mais lorsque j’ai vu que je rattrapais deux filles parties avant moi, je savais que ça se passait plutôt bien.» Une chute dans l’épreuve en ligne la privera de son rêve d’accrocher un second titre sur route. Elle termine 4e. Mais son regard se porte alors sur les Championnats de Suisse de VTT que son club organise. Devant sa famille et ses amis, la Challensoise s’envole littéralement sur un parcours qu’elle connaît par cœur, tracé dans une forêt où elle s’entraîne régulièrement. «Le public m’a portée. Quand il y a autant de supporters qui vous encouragent, cela aide. Mais je dois dire que la pression était forte les jours précédents. Tout le monde venait vers moi pour me dire «bonne chance», en me demandant: «Alors, tu gagnes, dimanche?» Je n’avais pas d’autre choix que de tout donner pour essayer de m’imposer.»

Ce succès est donc forcément le plus significatif de sa jeune carrière. D’autant qu’elle a fait exploser la concurrence, devançant sa première dauphine de plus de quatre minutes. L’année 2016 a permis en outre à Léna Mettraux de participer à deux Championnats du monde et deux Championnats d’Europe. Une saison riche qui s’est terminée de la plus belle façon, puisqu’elle a été élue Espoir de l’année lors du Mérite sportif vaudois.