La Challensoise de 19 ans dispute ses premiers Européens chez les élites. Avec les JO de Tokyo en ligne de mire.

 

 

Avant de rejoindre Berlin, Léna Mettraux s’est entraînée durant trois semaines sur l’anneau olympique de Granges (Soleure).

Image: JEAN-PAUL GUINNARD

Léna Mettraux est un petit phénomène. Un diamant brut que les entraîneurs nationaux Daniel Gisiger et Ross Machejefski vont devoir tailler avec une précision d’orfèvre. Championne de Suisse juniors du contre-la-montre en 2016 et médaillée d’or la même année en cross-country, la Challensoise de 19 ans s’essaie à la piste depuis novembre dernier. «Swiss Cycling a décidé de monter une équipe féminine avec comme objectif les JO de Tokyo», explique la jeune étudiante en sports à l’Université de Lausanne.

Véritable couteau suisse du cyclisme, Léna Mettraux s’adapte à toutes les disciplines avec un plaisir identique. Mais c’est bien sur le vélodrome que son avenir olympique a le plus de chances de se concrétiser. «En VTT, il serait illusoire de me qualifier pour Tokyo, affirme-t-elle. Le niveau des meilleures est trop élevé. Les filles sélectionnées à Rio (ndlr: Jolanda Neff et Linda Indergand) seront de surcroît toujours là. Quant à la route, qualifier une cycliste suisse est encore plus compliqué. Autant dire que mes meilleurs espoirs reposent sur la piste et le projet ambitieux de Swiss Cycling.»

Compétitrice née

Mais avant d’apprendre le Japonais, Léna Mettraux sait qu’il lui reste une montagne bien plus haute que le Mont Fuji à gravir. L’apprentissage sera long et toute compétition internationale sera la bienvenue pour progresser. A commencer par les Championnats d’Europe de Berlin, qui débutent mercredi. La polyvalente cycliste d’Echallens sera d’ailleurs la plus jeune représentante de la délégation suisse. «Cette sélection est une belle surprise, admet la Vaudoise. Je me réjouis de pouvoir me nourrir de cette expérience. A ce jour, je n’ai disputé qu’une course à Dublin et les Championnats d’Europe U23, cet été.» Il s’agit même de sa première participation à un grand championnat, chez les élites (ndlr: elle en a connu huit en juniors et cadettes, toutes disciplines confondues).

Que vaut-elle sur un anneau de vitesse? Lors des Européens U23, ce cadre du Team Scott New Work Romandie a notamment pris une 7e place à la course aux points, à deux unités du 5e rang. «Comme je viens de commencer, je vois déjà passablement de progrès dans ma position sur le vélo. Je tiens mieux la trajectoire. Au début, je n’avais aucune idée du comportement à adopter en course. La piste est très différente de la route. Les efforts sont plus courts et plus soutenus. Ça roule toujours à fond. Et il y a beaucoup de sprints, un domaine dans lequel je dois encore progresser.»

Qu’importent les difficultés des débuts! Léna Mettraux est une compétitrice née, heureuse dès qu’elle se retrouve sur une selle. A Berlin, elle s’élancera vendredi en poursuite et dans la course aux points. Avec la volonté ferme d’apprendre, tout en tirant son épingle du jeu. «Je tiens à battre ma meilleure marque en poursuite. Et ne comptez pas sur moi pour rester passive, lors de la course aux points. Je vais montrer de quoi je suis capable!»

Pour préparer les Championnats d’Europe, Léna a passé du temps sur le vélodrome de Granges (Soleure). Elle y a côtoyé les autres Vaudois de l’équipe de Suisse: les Schir, Pasche, Thièry et autre Suter. «C’est sympa de les rencontrer, de s’entraîner avec eux et de parler français pendant les repas. Nous avons fait un Madison avec eux, ils nous donnent des conseils. L’ambiance est très saine.» Une situation idéale pour la jeune femme. «Je suis très reconnaissante à Swiss Cycling de m’offrir cette opportunité. Je me sens vraiment bien encadrée avec des entraîneurs géniaux. Daniel Gisiger est comme un papa. Il fait la cuisine, prend des nouvelles à chaque fois que j’ai des compétitions. Il est très protecteur.»

Handicapée cette saison par une blessure au dos (malformation osseuse), l’athlète du VC Echallens ne ressent plus aucune gêne et pourra donc se concentrer entièrement sur ses performances berlinoises.

Les Mondiaux en 2018

Avec cette expérience dans une troisième discipline, Léna Mettraux ne sait toujours pas quelle orientation elle donnera à sa carrière. «Je suis partagée, car j’aime les trois. Ma priorité va vers ce projet olympique. Mais après 2020? Si j’avais le choix, mon cœur choisirait le VTT car c’est là que j’ai commencé. L’ambiance y est très familiale. En même temps, les courses sur route sont celles qui me plaisent le plus. Je me verrais bien intégrer une équipe en Hollande ou en Belgique.» Un choix cornélien qu’elle ne fera pas dans l’immédiat. Outre la piste, elle compte participer aux Championnats du monde de VTT à Lenzerheide, en 2018. Avec un top 20 ou un top 15 dans le viseur. Sacrée Léna!